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Le blog de l'association "SOS TER de la Bresse"

Les horaires cadencés améliorent le service aux usagers, selon la SNCF, mais pas partout. Sur la ligne TER de la Bresse, le Conseil régional de Bourgogne a supprimé dès 2011 un tiers des trains circulant entre Seurre et Bourg, ou il les a remplacés très partiellement par des autocars. Bénéficiant de l'appui des acteurs socio-économiques et des élus bressans, les usagers ont créé un collectif en février 2011. La même année, en octobre, ils se sont constitués en Association.

Lettre ouverte à M. François Patriat, Président du Conseil Régional de Bourgogne

 

COLLECTIF DES USAGERS DE LA LIGNE DE BRESSE

 

 

 

 

 

 

 

LETTRE OUVERTE

 

À MONSIEUR FRANÇOIS PATRIAT,

PRÉSIDENT DU CONSEIL RÉGIONAL DE BOURGOGNE

 

à propos de la ligne TER    DIJON - BOURG-EN-BRESSE

 

 

 

 

Monsieur le Président,

 

Nous, usagers du TER DIJON BOURG-EN-BRESSE, rassemblé-e-s dans un collectif de citoyens et de citoyennes, soutenu-e-s par des élu-e-s, des personnalités, des associations locales et des organisations syndicales, portons à votre connaissance nos vives protestations contre les projets du Conseil Régional de Bourgogne et de la SNCF en matière de modifications d'horaires, suppressions de dessertes, et remplacements de trains par des autocars à compter de décembre 2011.

 

Nous voudrions tout d'abord, Monsieur le Président, attirer votre attention sur les conséquences très pénalisantes, et parfois même dramatiques, qu'auraient les modifications projetées sur la vie quotidienne des usagers.

 

Ces projets constituent à nos yeux une atteinte inacceptable à la mission de la Région d'assurer dans notre territoire un service public de transport ferroviaire

 

  1. sûr, régulier, économique, adapté aux besoins de la population ;

  2. favorisant le dynamisme de nos campagnes et de nos centres urbains et péri-urbains ;

  3. concourant aux impératifs de protection de l'environnement et de réduction des émissions des gaz à effet de serre.

 

Après échanges de nos expériences et de nos pratiques d'utilisation de la ligne de Bresse, il nous apparaît que trois types principaux de trajets peuvent être dégagés :

 

  1. des aller-retours quotidiens au titre de trajets domicile-travail ou d'étudiants se rendant sur leurs lieux d'études ;

  2. des trajets en correspondance sur Dijon (vers Paris, Besançon, …) ou Bourg-en-Bresse (vers Lyon, Genève, …), pouvant consister en des aller-retours dans la journée ou s'étalant sur des périodes plus longues ;

  3. des allers-retours, souvent dans la journée, pour des déplacements notamment sur Dijon, Bourg-en-Bresse et Lyon, à effet de faire des courses, consultations médicales (pénurie de spécialistes dans notre territoire), visites familiales, etc. concernant notamment la population bressane non motorisée ou ne souhaitant pas utiliser sa voiture sur de longues distances.

 

Or, les modifications projetées impacteraient considérablement l'ensemble de ces trajets.

 

Les conséquences directes pour les usagers, déjà pénalisés par les dysfonctionnements croissants du service de la SNCF, seraient graves :

 

  • certains seront contraints d'abandonner le TER et de se tourner vers la voiture. Voire même d'avoir à acquérir une voiture, ou une voiture supplémentaire dans le foyer, à supposer que leurs moyens le leur permettent ;

  • de plus en plus d'usagers iront prendre le train dans des gares mieux desservies (Dijon, Bourg-en-Bresse, Chalon, Tournus, Dole, Lons) mais plus éloignées ;

  • certains même perdront leur emploi;

  • d'autres enfin devront déménager, prendre une chambre en ville (étudiants qui en auraient les moyens), ou abandonner leur projet d'installation définitive dans la région.

 

Pour certains, il y aura de graves difficultés de recherche d'un autre emploi et risque de précarisation. Dans tous les cas, il faudra faire face à des perturbations importantes dans l'organisation de la vie quotidienne (notamment garde des enfants, ou dépose à l'école), à des pertes de temps, du stress supplémentaire. Et dans tous les cas également, les familles devront faire face à des surcoûts financiers (comme les coûts en essence), parfois très importants (exemple : achat d'une voiture), qui ne seront pas pris en charge par la collectivité.

 

Et, comme chaque fois que le service public recule, ce sont malheureusement les personnes disposant de peu de moyens ou en situation de fragilité qui seront touchées en priorité.

 

Cependant, Monsieur le Président, notre protestation ne se limite pas à faire valoir nos revendications d'usagers du service public. Habitant en effet une région à laquelle nous sommes très attaché-e-s, nous sommes extrêmement préoccupé-e-s par les conséquences négatives que les mesures annoncées ne manqueraient pas d'avoir sur la dynamique de nos territoires.

 

La Bresse, comme vous le savez, est un territoire à vocation rurale forte, avec un potentiel intéressant d'orientation vers des productions de qualité (appellations d'origine, développement du bio, ...). Elle comporte également des zones d'activité industrielles et commerciales, comme dans l'agglomération de Louhans (environ 15OOO habitants). Mais elle tire aussi son dynamisme d'une population, souvent récemment installée, d'actifs et de retraités venus y chercher un cadre de vie de qualité.

 

L'existence d'un service public de transport ferroviaire permettant une mobilité locale, régionale et inter-régionale sûre et aisée est un puissant facteur pour maintenir et renforcer l'attractivité de notre territoire :

  • vis-à-vis des entreprises et des autres activités économiques ;

  • mais aussi vis-à-vis des résidents susceptibles de faire vivre nos campagnes, où les agriculteurs sont maintenant bien loin de représenter la majorité de la population.

 

Or, nous savons bien que la diminution du nombre de trains, comme la dégradation croissante du service, décourageront les usagers, engendrant fatalement à terme de nouveaux désengagements de la collectivité publique. De toute évidence, les mesures projetées signifient en réalité la mort à petit feu du service voyageurs sur la ligne de Bresse. Alors même que le développement de nos territoires exigerait bien au contraire l'amélioration des dessertes.

 

Nous proposons ainsi des liaisons directes avec Lyon ou Genève, dans une perspective régionale, qui dépasse le cadre de la Bresse. S'agissant de Lyon, elles offriraientune alternative à la liaison depuis Dijon via Mâcon, dans des temps pouvant être plus courts (avec un nombre d'arrêts intermédiaires réduit) et de décharger l'itinéraire principal qui tend à la saturation. S'agissant de Genève, non seulement la liaison serait utilisée par les nombreux résidents bressans de nationalité suisse, mais elle pourrait fournir à Dijon et à l'ensemble de la Bourgogne une ouverture intéressante vers la Suisse en matière économique et culturelle.

 

Enfin, Monsieur le Président, nous sommes des citoyens et des citoyennes écologiquement responsables, et conscient-e-s que l'urgence climatique impose des choix de société qui ne peuvent plus attendre.

 

De ce point de vue, nous nous interrogeons sur le bilan carbone des mesures annoncées, et sur leur cohérence avec les engagements de la Région, notamment le plan énergie-climat qu'elle a adopté pour la période 2007-2013. Un bilan carbone a-t-il été élaboré ? Car, avec les reports de déplacements du rail vers le bus, mais surtout vers les voitures individuelles, il ne fait nul doute que la réduction de la desserte de Louhans et de Mervans auraitune empreinte carbone très négative.

 

Dans ces conditions, nous demandons :

 

  1. le maintien de l'intégralité des trains existants, sans rupture de charge ;

  2. l'amélioration des horaires dans le cadre d'une concertation effective avec les usagers ;

  3. le développement de la ligne avec notamment l'extension de la desserte vers Lyon et Genève sans rupture de charge.

 

À cet effet, et pour le bon déroulement du débat démocratique, il est impératif que la date du prochain comité de ligne soit annoncée avec un préavis d'au moins un mois, afin de permettre aux différents acteurs, notamment associatifs, de s'organiser. Une publicité suffisante doit également lui être faite, notamment par affichage dans les gares.

 

Nous vous prions d'agréer, Monsieur le Président, nos salutations distinguées,

 

Le collectif des usagers de la ligne de Bresse